Perle Glacée

Une goutte d’eau dans le blizzard.

Un monde glacé, sclérosé face à une petite molécule, un tout petit sursaut d’humidité. Est-ce possible ? Et supposons que ça l’est. A-t-elle la possibilité de vivre un avenir ? Grandir. S’émanciper. Ou s’aliéner. N’est-elle qu’une seconde d’éphémérité absolue ? L’instant, la conjoncture parfaite qui a fait que…

Sous la neige pleurer glace tes prunelles. Tu retiens tes larmes comme tu retiens quotidiennement ton cœur d’exploser. Ta vie se résume à la chaleur de tes joues et tu as peur. Tu es venue ici pour souffler, pour trouver des repaires dans l’immensité du désert blanc plutôt que dans une grande métropole quadrillée, pourtant tu pleures. Tu es perdue. Et pas un quidam pour t’aiguiller. Tu aurais pu écouter les autres, tu aurais pu choisir de mettre la tête sous l’eau mais voilà il a fallu que tu sois une goutte d’eau. Toi pour te rafraîchir, il te faut de la glace. Alors te voici au sommet du monde plutôt que dans ses entrailles mais le prix à payer pour ce sommet c’est la solitude, le froid et la crainte. C’est dans tes propres entrailles que tu as choisi de plonger, des entrailles laissées à l’abandon toutes ses années désormais givrées et si tu t’avisais de retourner en bas, dans les métropoles où l’on regarde la crasse des autres plutôt que la sienne, la glace fondrait et toi avec. En un flot de larmes éternelles, infinies.

Une goutte d’eau dans le blizzard.

On l’a mal indiqué, pas dit par exemple qu’elle allait geler. Que la beauté ne laisse aucun recours, qu’elle se subit et doit même s’apprécier. À trop penser on en devient des êtres bêtes, accrochés à l’illusion de connaître. Qui alors est le plus dépendant ? Qui alors est le plus honnête ? La beauté ne se gagne pas, elle doit se subir et glisser comme sur du verglas car elle n’est ni tangible, ni explicable, comme cette goutte d’eau dans le blizzard, elle se résume à un mirage.