Mâtin Brun

On grogne. On sort les gants. L'autre qui gueule. On hurle pour lui dire d'arrêter. Cinq minutes. Le temps qu'on trouve les clés. Les sacs plastiques. Les écouteurs.  

On se brosse les dents. Au cas où. On va peut-être croiser quelqu'un. Et puis finalement on change de pull. Ça caille dehors. L'autre il s'excite. Remue dans tous les sens. Se met debout, marche, s'assoit, tourne en rond. 

Oui, bien ça va. Faudrait pas oublier les chaussures. On les enfile à la hâte. Les chaussettes qui dépassent. Lui regarde. La tête de travers. Jauge les mouvements. Puis d'un coup se dresse. Tu t'approches. Il gueule encore. Tu souris. 

"Allez, on est parti mon gros", tu dis. 

Il tire.

Tu pestes. Le fil de tes écouteurs se prend dans la laisse. Tu ris quand même. Il y a de quoi. Cet abruti s'est enroulé autour de toi. Un mélange d'incompréhension et de malice anime ses grands yeux.

Tu tires.

Il résiste. Tu grondes. L'imbécile. Ta main gèle. Tu plonges celle qui est libre au fond de ta poche de jean. Dépêche-toi. L'autre il est tout fou.

Content.

Tu souffles. Le froid mord. Tu trembles un peu. Ta mâchoire se serre. Des frissons te parcourent les vertèbres. Tes dents commencent à claquer gentiment.

Tout ça pour quoi ?

Pour un caca.