Les Femmes D'Aubigné-Chapitre Neuvième
Tu débarques tout juste ? Lien ICI vers le Premier Chapitre.
Soleil soleil tu m'éblouis.
Laisse-moi au moins voir l'écran de mon ordi.
Je suis particulièrement heureuse de t'annoncer que ce neuvième chapitre clôt l'été 1889 pour Madeleine, Lorette et Bathilde !
Je te rassure, le récit est loin d'être terminé, par contre d'ici au prochain chapitre une année entière ce sera déroulée pour mes petites simsettes qui, on garde ça entre nous, ne sont pas au bout de leurs peines !
On reprendra donc en Automne 1890 ! Et on verra ce qui leur est arrivé entre temps...
En attendant, je te souhaite une bonne lecture !
(PS : Je mettrais probablement un dixième chapitre bonus avec toutes les photos ratées/buguées/rigolotes que j'ai pu prendre durant ces neuf premiers chapitres)
Bathilde Caron de la
Morinet, 17 Juillet 1889, La Potière.
Cher
Journal,
Les
mots. Tout. Tout me semble se bousculer.
Ma tête est vide de sens.
Ma plume tremble. Une telle peur m’ébranle. Un tel sentiment
d’impuissance. Une multitude de sensations m’assaillent. Je ne
sais s’il est prudent de les exprimer.
Ce
soir j’ai cru mourir.
Anatole
m’a demandé de le rejoindre dans le lit au dîner. Nous n’avons
pas parlé ou si peu depuis la nuit de notre mariage. L’idée de
recommencer a fait monter la panique dans mon cœur
au point de me révulser. Je suis tout de même allée dans la
chambre à coucher. Mais je ne pouvais pas. Je n’y suis pas
arrivée. Il a voulu me toucher. J’ai reculé. Je sais bien qu’il
s’agit là de mon devoir marital. Je ne le sais que trop bien.
Il
était contrarié par mon comportement. J’ai dit que j’avais
besoin de temps, juste un peu, que je pensais qu’il était
nécessaire que nous apprenions à nous connaître. Il s’est
impatienté. M’a rétorqué qu’il ne voyait pas les choses de
cette manière. A grommelé que dans les courriers qu’il m’avait
envoyé, il s’était montré très franc sur son objectif dans
notre mariage.
« Si je vous ai choisi Bathilde, qu’il soit clair
que ce n’est pas pour vos qualités physiques ou intellectuelles
mais bien pour votre esprit terre à terre, raisonnable. Il me
semblait que vous et moi étions sur la même page. Je cherche à
avoir des héritiers et vous, il vous fallait fuir votre situation de
vieille fille désespérément. Si j’avais voulu une jeune sotte
qui s’effarouche du moindre mal, je me serais contenté d’aller
voir la première fille de paysan venue ! »
Ces
mots-ci se sont chargés de me faire de nouveau toucher terre. Il
disait vrai. Jamais dans nos lettres nous n’avions évoqués de
sentiments amoureux. D’ailleurs, pour tout dire, Anatole et moi
n’avons même pas échangés la moitié du nombre de lettres que
représentaient les correspondances de Madeleine ou de Lorette avec
leurs futurs époux respectifs.
Me
comparer à une adolescente en quête de romance était comme me
rabaisser à ce que j’avais promis de ne pas être, comme si en
plus d’être une mauvaise épouse, j’étais une menteuse.
Pourtant ce n’est pas la romance que je désire. Je ne sais trop ce
que je souhaite… Je ne veux qu’une relation saine entre deux
personnes capables de se respecter l’une et l’autre. J’ai
toujours vu ma mère mener mon pauvre père par le bout du nez. Je
n’avais pas conscience de la difficulté de se faire même entendre
par son propre mari.
Finalement,
ce soir par peur d’attiser plus encore sa colère, je me suis
allongée sur le lit et me suis laissée faire. Son visage essoufflé au-dessus de moi me ronge et les larmes ne veulent plus s’arrêter
de couler.
Je
ne veux plus me poser la question de ce qu’il me faut faire ou non.
Une
seule chose me permet de ne pas sombrer dans la folie cette nuit :
savoir que j’irai chez Lorette dès demain.
Bathilde.
Madeleine Melchior, 18
Juillet 1889, La Ferme de l’Étang.
Cher
Journal,
Je
ne sais plus par quel bout prendre ma journée.
La tâche est
d’essayer de mettre un semblant d’ordre dans le désordre de mes
pensées. Ce matin je suis partie de la chaumière, très excitée à
l’idée de passer quelques jours à la Ferme de l’Étang
avec mes amies. Depuis que j’avais reçu l’invitation de ma très
chère Lorette, la veille, je ne tenais plus en place. Siméon aussi,
bien que toujours épuisé par son chantier, s’en est réjoui pour
moi.
Ainsi,
j’étais d’humeur impatiente et je me suis hâtée pour rejoindre
la ferme dès le début de cet après-midi. Bathilde était déjà
sur place. Lorette avait préparé une très belle tarte meringuée
et une théière pleine de mélisse aromatisée à la framboise. Nous
nous sommes enlacés toutes les trois, très heureuses de nous
retrouver enfin seules ensemble.
Au
début la conversation était badine. Elles m’ont laissé parler de
mon potager et du travail de Siméon. Je sentais pourtant une tension
entre nous. Je remarquais sans cesse, leurs regards distraits.
Finalement, c’est la franchise de Lorette qui a brisé la glace.
Notre
benjamine a abordé avec Bathilde, munie de sa délicatesse
légendaire, le sujet de sa vie avec son époux. Et à ma plus grande
surprise, car je pensais notre Bathilde être une femme aussi robuste
que la roche, cette dernière a pâli, avant de baisser les yeux et
d’avouer un à un, d’une voix tremblotante qui me serra le cœur,
les tourments qui rongeaient ses nuits depuis celle de ses noces.
Nous
avons eu une longue conversation durant laquelle je tombais des nues
chaque fois un peu plus. Sincèrement, je ne savais pas où me
mettre. Lorette semblait avoir vu des signes chez Bathilde qui pour
moi étaient restés impénétrables.
Voir
Bathilde dans cet état. Je
suis passée par de nombreuses émotions. Alors
qu’elle s’exprimait, sa voix ne cessait de se briser. « Je…
Ma relation avec Anatole est chaque jour plus difficile à supporter
et hier… Je me sens démunie face à ce qui s’est passé. » Ils
se sont disputés fortement hier. Et Anatole semble être le dernier
des rustres. C’est ce que j’ai compris.
Je ne savais quoi lui
dire.
Comment obtient-on une bonne entente dans un ménage ?
Je
repense à mon premier jour avec Siméon. Ce jour-là, je n’avais
soufflé mot. S’il n’avait pas eu un caractère facile et n’avait
parlé pour nous deux, notre relation serait-elle au même point que
celle de Bathilde et son mari ? J’aimerais vraiment venir en
aide à mon amie. Mais, il s’agit de son mariage, de sa maison...
J’ose
espérer pour elle que cela ne sera qu’une passade.
Madeleine.
Lorette Poiret, 19 Juillet
1889, La Ferme de l’Étang.
Cher
Journal,
Madeleine,
Bathilde et moi travaillons dehors aujourd’hui. Après notre
intense réunion hier, je me sens émotionnellement lessivée.
Les
soucis de Bathilde me touchent beaucoup. Je n’en ai pas fermé
l’œil de la nuit. Comment faire pour l’aider ? Madeleine et
moi pensons la même chose. Nous ne pouvons pas vraiment. Si elle en
parlait à Siméon, au vu de la relation compliqué des deux frères,
cela ne ferait qu’empirer la situation. Quant à Mathurin, il ne
connaît pas assez le maire pour lui faire part d’un sujet si
délicat. Et à nous seules que pouvons nous faire ?
Que
ferait Georges Sand ? Louise Labé ? Marguerite de
Navarre ? Ou même Nora* ?
Je
n’ose encore trop parler à mes amies de mes lectures… peu
communes. J’ai peur qu’elles me prennent pour une folle. C’est
ce que pensait ma mère après tout. J’en avais parlé avec
Mathurin dans l’une de mes lettres, il semblait s’y intéresser à
l’époque, mais depuis que je suis ici, je ne le vois jamais lire.
À Paris les gens que je fréquentais lisaient beaucoup, cela
m’ennuyait. Ici, cela me manque. Je sais déjà que si Siméon,
Anatole et Mathurin ont été choisi comme candidat par la paroisse
pour rencontrer des femmes de l’extérieur c’est parce qu’ils
faisaient partis des rares hommes de la commune à savoir écrire. L’idée
me paraissait rafraîchissante depuis la capitale, mais désormais je
me rends compte des problèmes du quotidien que cela engendre.
Je
me demande si conseiller quelques lectures à Bathilde l’aiderait à
trouver la détermination et la force nécessaire pour aller de
l’avant. Je me suis tant posée cette question pour ma mère… et
pour finir cela n’a fait qu’agrandir le fossé qui nous
séparait. Pourrais-je empêcher mon amie de répéter les mêmes
erreurs qu’elle ?
La
vie est si tumultueuse qu’une larme seule semble pouvoir la
bouleverser. Comme disait si bien Louise Labé : « Je
vis, je meurs ; je me brûle et me noie ». J’espère que
la poésie saura trouver les mots justes auprès de Bathilde à ma
place.
Lorette.
* Nora est le personnage principal de la pièce "Une Maison de Poupée" écrite par Henrik Ibsen en 1879. Pièce qui inaugure les courants de théâtre du début XXe. Nora fait scandale pour l'époque et encore aujourd'hui elle est considérée comme un personnage pionnier du féminisme.
Fin
de l’Été 1889.
Trop bien !!! :D
RépondreSupprimerJe suis heureux de pouvoir lire de nouveau un article sur ce blog, d'autant plus les femmes d'Aubigné !
Comme à chaque fois je prends beaucoup de plaisir à te lire ! :) Je trouve ça super la phrase de Lorette qui énonce quelques personnalités intellectuelles féminines !!
Et la petite note descriptive sur Nora, c'est chouette ! Merci beaucoup pour ces références Sophie :)
PS : Le viol de Bathilde est tellement horrible...
J'espère qu'elle arrivera à sortir de cette situation.
PS n°2 : Je suis impatient de connaître la suite de leur aventure après l'ellipse qui nous attend et hâte que tu nous fasses découvrir quelques pépites dans le chapitre bonus !! ^^
Hê bien ! ça c'est du long commentaire ! Merci pour ton retour. Ce chapitre m'a épuisé mais je suis contente !
SupprimerJe m'appelle Sophie-louise au passage ^-^
Tu peux être fière de toi !! ;D
SupprimerDandinou te présente toutes ses excuses Sophie-louise ^^
Héhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhé (j'ai relu le commentaire et j'en suis fort contente du coup je me mets à rire de manière étrange, c'est incontrôlable, défaut de naissance...) <3
SupprimerOuiiiiiii !!! J'aime ton rire étrange !!! :D
SupprimerEt ce n'est pas un défaut mais belle et bien une qualité !! <3
Trop contente de pouvoir lire un nouveau chapitre des femmes d'Aubigné ! Et beh ça promet encore pleins d'aventure tout ça !!!
RépondreSupprimerLa pauvre Bathilde n'est pas tombée sur un mari très facile et compréhensif ... Et il n'essaye même pas de la rassurer ou d'être un peu délicat avec..
J'espère que les autres maris des filles seront plus délicat que celui la !
Et j'ai hâte de voir ce qui ce passe un an plus tard :) Héhéh moi je suis pour le chapitre des bêtisiers :P
Au fait je ne sais pas si mon pseudo s'affiche correctement sur ton blog depuis le début... j'en ai pas l'impression...Du coup pour une fois je vais signer dans le doute !
Sur ce à très vite j'espère :)
Evie
Merci Evie \(^_^)/ !
SupprimerMoi aussi j'espère qu'ils seront plus gentils ! (attends comment ça c'est moi qui écrit ?)
Effectivement ton pseudo ne s'affiche pas. Je ne sais pas trop comment ça marche alors je ne peux pas t'aider.
A très vite <3
Coucou Evie ! :)
SupprimerVoilà ce que tu peux faire si tu as un compte google :
- connecte-toi sur ton compte google ( à partir de gmail par exemple )
- reviens sur ce site ( et actualise le si tu étais déjà dessus)
- sélectionne ton pseudo google après la phrase "Répondre en tant que :"
Et normalement ça devrait marcher ! ;D
Merci Dandinou pour le conseil !
SupprimerCa devrait fonctionner normalement....Enfin j'espère